mardi 30 avril 2013

Libéralisme

Nous allons mettre le livre complet du « libéralisme est un péché » de Don Sarda Y Salvany. Un chapitre sera mis tous les jours. Nous invitons ceux qui ne l'ont pas lu à le lire attentivement. Nous devons tous avoir une bonne compréhension du libéralisme pour pouvoir l'enrayer de nos milieux catholiques. Il y aura une section dans le haut du blogue seulement pour ce livre.

Le libéralisme est un péché
Don Félix Sarda Y Salvany
Décret de la Sacrée Congrégation de l’Index
Excellentissime Seigneur,
La Sacrée-Congrégation de l'Index a reçu la dénonciation qui lui a été faite de l'opuscule qui a pour titre : Le libéralisme est un péché, et pour auteur D. Félix Sarda y Salvany, prêtre de votre diocèse, dénonciation qui a été renouvelée en même temps qu'on dénonçait un autre opuscule qui a pour titre : ‘’Le procès de l'Intégrisme’’, c'est-à-dire Réfutation des erreurs contenues dans l'opuscule : Le libéralisme est un péché ; l'auteur de ce second opuscule est D. de Pazos, chanoine du diocèse de Vich.
C'est pourquoi ladite Sacrée-Congrégation a soigneusement examiné l'un et l'autre opuscule, avec les observations qu'ils avaient suscitées. Or, dans le premier, non seulement elle n'a rien trouvé qui soit contraire à la saine doctrine, mais son auteur D. Félix Sarda mérite d'être loué, parce qu'il expose et défend la saine doctrine sur le sujet dont il s'agit, par des arguments solides, développés avec ordre et clarté, sans nulle attaque à qui que ce soit.
Mais ce n'est pas le même jugement qui a été porté sur l'autre opuscule, publié par D. de Pazos ; en effet, il a besoin, pour le fond, de quelques corrections et, en outre, on ne peut approuver la façon de parler injurieuse dont l'auteur se sert beaucoup plus contre la personne de D. Sarda que contre les erreurs qu'il suppose exister dans son opuscule.
Aussi la Sacrée-Congrégation a-t-elle ordonné que D. de Pazos, averti par son propre ordinaire, (note: L'évêque du diocèse.) retire, autant que faire se peut, les exemplaires de son susdit opuscule et qu'à l'avenir, s'il survient quelque discussion au sujet des controverses qui pourraient surgir, il s'abstienne de toutes paroles injurieuses contre les personnes selon que le prescrit la vraie charité chrétienne ; d'autant plus que, si notre Très-Saint Père le Pape Léon XIII recommande beaucoup de pourchasser les erreurs, il n'aime cependant ni n'approuve les injures proférées contre les personnes, surtout lorsque ces personnes sont éminentes par la doctrine et la piété.
En vous communiquant cela, par ordre de la Sacrée-Congrégation de l'Index, afin que vous puissiez le faire savoir à votre illustre diocésain D. Sarda, pour la tranquillité de son esprit, je demande à Dieu pour vous tout bonheur et toute prospérité, et je me dis, avec le parfait témoignage de mon respect,
De Votre Grandeur,
Le très dévoué serviteur,
Fr. JÉROME SACCHERI,
De l'ordre des Prêcheurs, Secrétaire de la Sacrée-Congrégation de l'Index.




Lettre de Don Sarda y Salvany à la Marquise de Tristany
A Son Excellence Mme la Marquise de Tristany, à Lourdes. 
Madame,
Je suis trop touché de l'honneur que vous daignez me faire en me demandant l'autorisation de traduire en français mon livre intitulé : El liberalismo es pecado, pour ne pas vous l'accorder sans le moindre retard.
C'est pour moi une très grande satisfaction de pouvoir faire connaître mon humble opuscule à la France, par l'intermédiaire de la femme d'un de nos plus nobles et plus illustres généraux.
Si cela est possible, obtenez pour ce travail, auquel vous voulez bien consacrer votre temps et vos soins, ce dont je vous suis profondément reconnaissant, l'approbation diocésaine et quelques recommandations de journaux, tels que l'Univers.
Mais, Madame, ce n'est pas là une condition que je vous fais, mais un désir que j'exprime. Faites du Liberalismo es pecado et de mes autres livres ce qui sera le plus opportun en vue de la gloire de Dieu et du triomphe de la vérité.
Réservez-moi seulement, je vous en prie, un exemplaire signé de votre main.
Mes respects au vaillant général, sil vous plaît, et vous, Madame la Marquise, veuillez bien me compter au nombre de vos plus respectueux et de vos plus dévoués serviteurs.
FÉLIX SARDA Y SALVANY, Prêtre

Sabadell, province de Barcelone, 30 août 1885.
INTRODUCTION
Ne vous alarmez pas, pieux lecteur, et ne débutez point par faire mauvaise mine à cet opuscule. Ne le rejetez pas avec effroi en le feuilletant, car si brûlantes, si embrasées, si incandescentes que soient les questions qu'il traite et que nous allons tirer au clair, entre nous, dans ces familières et amicales conférences, vous n'aurez pas les doigts brûlés ; le feu dont il s'agit ici n'étant que métaphore et rien de plus.
Je n'ignore point, et du reste vous allez vous hâter de me le dire pour excuser vos craintes, que vous n'êtes pas le seul à ressentir une invincible répulsion et une horreur profonde pour de pareils sujets. Hélas ! je ne sais que trop, combien cette manière de penser ou de sentir est devenue une infirmité, une espèce de manie en quelque sorte générale, aux temps où nous vivons. Mais, dites-moi, en conscience, à quel sujet d'un véritable intérêt la controverse catholique peut-elle se consacrer si elle est tenue à fuir toute question brûlante, c'est-à-dire toute question prise sur le vif, palpitante, contemporaine, actuelle ? A combattre des ennemis vaincus et morts depuis des siècles et comme tels gisant en poudre, oubliés de tous, dans le Panthéon de l'histoire ? A traiter avec autant de sérieux que de parfaite courtoisie des questions du jour, à la vérité, mais des questions qui ne soulèvent aucun désaccord dans l'opinion publique, et n'ont rien d'hostile aux droits sacrés de la vérité ?
  
Vive Dieu ! Et ce serait pour cela que nous nous appelons soldats, nous les catholiques, que nous représentons l'Église comme armée, et que nous donnons le titre de capitaine au Christ Jésus notre chef ? Et c'est à cela que se réduirait la lutte sans trêve que nous sommes tenus de livrer à l'erreur, dès que, par le baptême et la confirmation nous sommes armés chevaliers d'une si glorieuse milice ? Mais une guerre qui appellerait au combat contre des ennemis imaginaires, où l'on n'emploierait que des canons chargés de poudre, et des épées à pointe émoussée, en un mot des armes auxquelles on ne demande que de briller et de tonner, sans blesser ni causer de dommage, serait-elle autre chose qu'une guerre de comédie? 


Évidemment, non. Il ne peut pas en être ainsi, car si le catholicisme est la divine vérité, comme il l'est positivement, vérité et douloureuse vérité sont ses ennemis, vérité et sanglante vérité, les combats qu'elle leur livre. Réelles donc, et non pure fantaisie de théâtre doivent être ses attaques et ses défenses ; c'est très sérieusement qu'il faut se jeter en ses entreprises, très sérieusement qu'il faut les mener à bonne fin. Réelles et véritables doivent être, par conséquent, les armes dont elle fait usage, réels et véritables les coups d'estoc et de taille qui se distribuent, réels et véritables les coups et les blessures faits ou reçus.

Si j'ouvre l'histoire de l'Église je trouve à toutes ses pages, cette vérité écrite maintes fois en lettres de sang.
Jésus-Christ, notre Dieu, anathématisa avec une énergie sans égale la corruption judaïque ; en face de toutes les préventions nationales et religieuses de son temps, Il éleva l'étendard de sa doctrine, et Il le paya de sa vie.
Le jour de la Pentecôte en sortant du Cénacle les apôtres ne se laissèrent pas arrêter par de vains scrupules lorsqu'il s'agit de reprocher en face aux princes et aux magistrats de Jérusalem l'assassinat juridique du Sauveur, et pour avoir osé, en ce moment, toucher une question si brûlante ils furent frappés de verges d'abord et plus tard mis à mort.
Depuis lors, tout héros de notre glorieuse armée a dû sa célébrité à la question brûlante dont la solution lui est échue en partage, à la question brûlante du jour, non à la question refroidie, arriérée, qui a perdu son intérêt, ni à la question future, encore à naître et qui se cache dans les secrets de l'avenir.
Ce fut corps à corps avec le paganisme couronné et assis sur le trône impérial, rien de moins, que les premiers apologistes eurent à traiter au risque de leur vie, la question brûlante de leur temps.
La question brûlante de l'arianisme qui bouleversa le monde entier valut à Athanase la persécution, l'exil, l'obligation de fuir, des menaces de mort et les excommunications de faux conciles. Et Augustin, ce valeureux champion de toutes les questions brûlantes de son siècle, est-ce que par hasard il eut peur des grands problèmes posés par les Pélagiens parce que ces problèmes étaient de feu ?
Ainsi, de siècle en siècle, d'époque en époque, à chaque question brûlante que l'antique ennemi de Dieu et du genre humain tire toute rouge de l'infernale fournaise, la Providence suscite un homme ou plusieurs hommes, marteaux puissants qui frappent sur elles sans se lasser. Frapper sur le fer rouge, c'est travailler à propos, tandis que frapper sur le fer refroidi, c'est travailler sans profit.
Le marteau des simoniaques et des concubinaires allemands fut Grégoire VII ; le marteau d'Averroes et des faux disciples d'Aristote fut Thomas d'Aquin ; le marteau d'Abélard fut Bernard de Clairvaux ; le marteau des Albigeois fut Dominique de Guzman, et ainsi de suite jusqu'à nos jours. Il serait trop long de parcourir l'histoire pas à pas pour prouver une vérité qui ne mériterait pas tant elle est évidente, les honneurs d'une discussion, sans le grand nombre de malheureux qui s'acharnent à l'obscurcir en élevant autour d'elle un nuage de poussière.
Mais, assez sur ce sujet, ami lecteur, j'ajouterai seulement, sans que personne nous entende, et sous le sceau du secret, ce qui suit : puisque chaque siècle a eu ses questions brûlantes, le nôtre doit nécessairement avoir aussi les siennes. Une d'entre elles, la question des questions, la question majeure, si incandescente qu'on ne peut la toucher d'aucun côté sans en faire jaillir des étincelles, c'est la question du libéralisme.
« Les dangers que court en ce temps la foi du peuple chrétien sont nombreux, ont écrit récemment les doctes et vaillants prélats de la province de Burgos, mais, disons-le, ils sont tous renfermés dans un seul qui est leur grand dominateur commun : le naturalisme... Qu'il s'intitule rationalisme, socialisme, révolution ou libéralisme, par sa manière d'être et son essence même il sera toujours la négation franche ou artificieuse, mais radicale, de la foi chrétienne et par conséquent il importe de l'éviter avec empressement et soin, autant qu'il importe de sauver les âmes».
La question brûlante de notre siècle est officiellement formulée dans cette grave déclaration émanant d'une source parfaitement autorisée. Toutefois, il est vrai de dire que le grand Pie IX avait formulé cette question en cent documents divers, avec plus de clarté encore et une tout autre autorité, et notre glorieux pontife Léon XIII l'a, à son tour énergiquement formulée il y a peu d'années dans son encyclique Humanum genus, encyclique qui a donné, donne et donnera tant à parler, et qui peut-être n'est pas encore le dernier mot de l'Église de Dieu sur ces matières.
Et pourquoi le libéralisme aurait-il, sur toutes les autres hérésies qui l'ont précédé, un privilège spécial de respect et en quelque sorte d'inviolabilité ?
Serait-ce parce que, dans la négation radicale et absolue de la souveraineté divine il les résume et les comprend toutes ? Serait-ce parce que, plus que tout autre il a fait pénétrer dans le corps social entier son virus corrupteur et sa gangrène ? Serait-ce parce que pour la juste punition de nos péchés, réalisant ce qui ne l'avait jamais été par aucune hérésie, il est devenu une erreur officielle, légale, intronisée dans les conseils des princes et toute-puissante dans le gouvernement des peuples ? Non, car ces raisons sont précisément celles qui doivent pousser et contraindre tout bon catholique à prêcher et soutenir contre le libéralisme, coûte que coûte, une croisade ouverte et généreuse.
Sus, sus sur lui, c'est l'ennemi ; sus sur lui, c'est le loup ; voilà ce que nous devons crier, à toute heure, selon la consigne qu'en a donné le Pasteur universel, nous tous qui avons reçu du ciel la mission de coopérer à un degré quelconque au salut spirituel du peuple chrétien. La campagne est ouverte, cette série de brèves et familières conférences commencée, ce ne sera pas toutefois sans que j'aie préalablement déclaré que je soumets toutes et chacune de mes affirmations, même les plus minimes, au jugement sans appel de l'Église, unique oracle de l'infaillible vérité.


Sabadell, mois du Rosaire 1884


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